Histoire de l'escalade

Les premiers grimpeurs à s'intéresser aux rochers autrement que pour les peindre ou les tailler le firent en 1897 à Fontainebleau.
Quant à la pratique de la falaise, il faut aller chercher chez nos voisins anglais et allemands de l'est pour trouver les premiers exploits verticaux toujours à la fin du 19eme siècle.
Donc Fontainebleau en France, le Lake District en Angleterre et Dresde en Allemagne de l'est sont les berceaux de l'escalade rocheuse.

Le premier 6eme degré
de la communauté grimpante ne l'a appris qu'à la chute du rideau de fer ; a été gravi avant les années 1920 à Dresde dans un style et avec des protections qui ont de quoi laisser rêveur.
Seul assurage accepté chez les Saxons : des noeuds de cordelettes coincés dans les fissures et interdiction de reconnaître les itinéraires du haut. Ces règles du jeu auront force de loi jusqu'à ce que les grimpeurs européens viennent porter la bonne parole et permettre de réduire un peu la rigueur des règles locales. Toutefois, aujourd'hui encore, les grès de la vallée de l'Elbe sont un des hauts lieux de l'escalade rocheuse justement parce que ces règles ont évité certains excès (taille de prise) que nous connaîtrons en Europe vers la fin du 20eme siècle.
Chez nos voisins d'outre manche, un style va se développer : le style anglais justement, subtil mélange d'engagement et d'escalade dite « propre » c'est à dire en respectant au mieux la configuration du rocher. Ainsi, les pitons et autres spits ne sont posés qu'avec parcimonie.
En France l'escalade est petite soeur de l'alpinisme ; elle ne sert la plupart du temps qu'à se préparer pour aller en montagne. La réalité sportive et spirituelle de l'escalade rocheuse ne sera pressentie que par quelques grimpeurs hors norme et généralement considérés comme marginaux.

L'autrichien Paul Preuss qui , en 1911, réalise seul et sans moyen d'assurage une grande première en rocher.
L'allemand Hans Dulfer qui démontre dès 1913 en solo ses prodigieux talents et invente de multiples techniques d'escalade dont celle qui porte aujourd'hui son nom
L'italien Emilio Comici qui dans les années 30 enrichit l'escalade d'une nouvelle dimension : l'esthétisme.
Le français Pierre Allain, sur les blocs de Bleau qui pose avant les années 40 quelques unes des bases d'un jeu : le bloc, qui perdure encore aujourd' hui avec le succès que l'on sait. Il inventera les chaussons d'escalade.

L'autrichien Hermann Buhl vers 1950 brisera un mythe en réalisant dans un horaire record une voie Cassin au Piz Badile en Italie.

Le belge Claudio Barbier dans les années soixante va stupéfier tout le monde en réalisant des enchaînements hors norme dans de grandes voies rocheuses mythiques des Dolomites.
L'américain John Gill qui va pousser la pratique du bloc jusqu'à réaliser des passages d'une difficulté qu'on sait aujourd'hui inouie.

On peut le voir, ces hauts faits rocheux sont surtout liés à des personnalités très particulières sans lien aucun entre elles.

Il faudra attendre les années 60 pour que le phénomène escalade prenne une véritable identité.
Aux Etats Unis l'escalade libre de haut niveau se développe de manière exponentielle notamment en Californie où le Yosémite va devenir la mecque de l'escalade « new wave ».

Courant des années soixante dix, en Allemagne de l'ouest dans le Frankenjura, en Italie et bien sûr toujours en Angleterre et en Allemagne de l'est ( lieux de naissance historiques de l'activité) ; le jeu de l'escalade libre gagne peu à peu du terrain sur l'alpinisme.

Il faudra attendre les années 80 pour voir ce phénomène se développer en France.
Il faut dire que les traditions chez nous consistent jusqu'alors à utiliser pour grimper tous les moyens possibles : prises du rocher bien entendu mais aussi points d'assurage. Le jeu du libre prôné par les puristes interdit alors l'utilisation de moyens artificiels pour l'escalade. Ce qui va déclencher une vive polémique entre ceux qui refusaient ce jeu et ceux qui le défendaient bec et ongle.
Parmi eux Jean Claude Droyer montera en première ligne pendant une dizaine d'années (du début à la fin des années 70) avant que le concept de « libre » ne soit définitivement accepté par la communauté grimpante française.

La médiatisation de Patrick Edlinger marquera définitivement l'imaginaire collectif ; l'escalade sportive est désormais installée.

Hors des chiffres et des gens qui se sont illustrés, ce qui frappe surtout, c'est que le courant de l'escalade libre s'est développé dans plusieurs pays différents sans préméditation ni communication. Que ce soit aux Etats Unis, en Allemagne, en Angleterre ; chacun a pris conscience de l'intérêt du jeu de l'escalade pour l'escalade et non plus pour la préparation à la montagne.

Les voies mythiques de fontainebleau :

  • L arête de Larchant sur l'angle sud-ouest de la Dame Jouanne. Côté 3+, mais 12 mètres d'escalade et 15 m. de dénivelé. 1ère réalisation sans corde en 1914 par Jacques De Lépiney. Vue sublime à l'arrivée. C'est un passage majeur du légendaire circuit Mauve, tracé en 1958 par Maurice Martin, portant le n° 53.

 

 

  • La fissure de la Prestat, le premier 4e degré, est ouvert en 1914 par Jacques De Lépiney chaussé d'espadrilles à tiges montantes, les ancêtres des chaussons d'escalade. La rupture d'une plaque a rabaissé le niveau du passage à 3sup.  
  • La Fissure des Alpinistes est ouvert à Apremont par Pierre Allain en 1933 ou 34. C'est le 1er 5 de Bleau.

  • L'Angle Allain est ouvert en 1934 par Pierre Allain au Cuvier Rempart. C'est le premier réel 6e degré de la forêt, depuis lors coté 5+, mais qui vaut bien des 6a mordernes. C'est à l'époque un vrai bond en avant dans la difficulté. Il donna des ailes à son auteur, qui effectua l'an suivant avec les frères Léninger, la très convoitée Face Nord des Drus, comportant la fameuse fissure Allain, 1ère longueur en 6a des Alpes françaises (les Alpes italiennes ayant été les 1ères à inaugurer le 6eme degré).

  • La Marie Rose est ouverte au Cuvier par René Ferlet en 1946, à la barbe de Pierre Allain premier répétiteur. C'est le premier 6a "officiel", cotée 6b à l'ouverture et dans le tout premier topo du Cuvier ; il sert encore d'étalon.
  • La Stalingrad , à gauche de la Prestat au Cuvier, ouverte en 1950, tout comme l'As de Coeur, au Cuvier Rempart. Hauts passages, ils sont respectivement les 1ers 6b et 6c. Encore de nos jours, très peu osent s'engager dans l'As de Coeur, même avec un crash pad, qui ne servirait d'ailleurs pas à grand chose vu la hauteur et la mauvaise réception.

 

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  • La Joker est ouverte par Robert Paragot en 1953, cotée 6c/7a actuellement, elle fut cotée 6h avant la création du 7e degré.

 

  • L'Abattoir, le premier 7a de la forêt, est ouvert par Michel Libert au Bas Cuvier en 1960.

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  • Carnage, le premier 7b de la forêt est ouvert par Jérôme Jean-Charles en 1977 toujours au Bas Cuvier.

 

  • l'Abbé Résina ouvert en 1983, le premier 7c, , est ouvert au Cuvier par Pierre Richard, grimpeur à l'éthique exigeante que l'on voit toujours, sac de 8 à 10 kilos au dos, parcourir avec style et vitesse de longs circuits du répertoire classique bleausard.

  • 1984, plusieurs voies majeures sont réalisées. Au Cuvier, Jean Michel Gosselin ouvre la Super Prestat, une dalle impressionnante en 7b+.

  • Jacky Godoffe ouvre, au Cuvier Rempart, Big Boss un surplomb en 7b+ et surtout

  • C'était Demain, le premier 8a de la forêt.

  • Fat Man, un toit horizontal ouvert par Jacky Godoffe au Cuvier Rempart en 1993, restera longtemps le seul 8b incontesté.
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